Grande Guerre : deux romanciers d'aujourd'hui
Puisque STATION SIMONE, avec les Archives départementales de la Côte d’Or, diffuse, dans les Inédits de la Grande Guerre, de larges extraits des lettres d’Apolline Soichot qui confie à son mari, affecté à Bourges, le roman intime de son quotidien dijonnais, que nous partageons ses soucis et que ses mots simples nous touchent, interrogeons-nous un instant sur ce que nous apportent, au-delà du devoir de mémoire, les écrivains de notre temps qui écrivent encore et toujours , et pour notre plus grand intérêt, des romans sur la Grande Guerre.
Une documentation renouvelée et enrichie de la mise à disposition, voire en ligne, des Archives ?
Une parole libérée des censures et du non-dit social qui a régné longtemps, une parole qui ose parler par exemple des fusillés pour l’exemple et des automutilations ?
Une nouvelle distance critique sur le patriotisme?
Un texte dépouillé de beaucoup de réalisme technique des combats, écrit dans une langue contemporaine qui nous touche davantage ? Car qui comprend encore l’argot de l’époque des dialogues entre Poilus, des expressions comme se mettre « un cintième de casse-pattes dans l’cornet » « chez une mouquère de l’endroit» (Henri Barbusse, Le Feu) ?
Une plus grande aptitude stylistique -cinématographique- à mettre en scène la violence ?
Une meilleure prise en compte du rôle de l’armée d’Afrique ?
Et vous, qu'en pensez-vous ?
L'écriture moderne, même de facture classique nous procure une plus grande peut-être une plus grande proximité de sentiments.
Un roman comme Les Champs d’honneur de Jean Rouaud (Editions de Minuit, prix Goncourt 1990) m’a fait ressentir « de l’intérieur » tout un registre d’émotions intimes, comme, par exemple, ce passage de la permission d’Emile :
« Entrant en tenue de soldat dans la chambre, à la tombée de la nuit, il s’approche sans bruit du berceau, se penche avec précaution pour ne pas verser sur cette petite chose endormie les tumultes de la guerre – abasourdi de joie soudain par ces minuscules poings serrés sur des songes blancs, ses cheveux d’ange, le trait finement ourlé de ses yeux clos, le réseau transparent de ses veines, l’inexprimable fraîcheur de son souffle qui trace sur la main meurtrie d’Émile comme une invitation au silence. Soulevant le voile de mousseline, Mathilde présente son œuvre à son grand homme. Car elle le voit grand dans sa triste tenue de combat qui sent la sueur, la poussière, l’infortune des armes. »
Eclats de 14 met en résonance les images des Croquis de guerre de Mathurin Méheut, peintre breton mobilisé et survivant de quatre années de tranchées, avec le texte poétique écrit spécialement en regard par Jean Rouaud pour la commémoration de la Grande Guerre.
ci-dessous quelques liens pour en savoir davantage.
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Site Officiel du Musée Mathurin Méheut - Lamballe - Côtes d'Armor - Bretagne - Collections, expositions, dessins, peintures, livres illustrés, céramiques...
http://www.musee-meheut.fr/fr/mathurin-meheut/un-artiste-combattant-meheut-artiste-.html
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Jean Rouaud, éditions Dialogues.
http://www.editions-dialogues.fr/ Rencontre avec Jean Rouaud, qui a publié Éclats de 14 aux éditions Dialogues. Illustrations de Mathurin Méheut. Réalisation : Ronan Loup.
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Jean Rouaud face à la mémoire de la Grande Guerre
Eclats de 14 (Dialogues) est un livre bouleversant, qui fait dialoguer les images gravées dans le sang par le peintre Mathurin Méheut, qui a vécu les quatre années du conflit sur le front, avec...
https://www.huffingtonpost.fr/olivia-phelip/jean-rouaud-memoire-grande-guerre_b_6136132.html
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Goncourt : l'art français du roman de guerre
LITTÉRATURE - Belliqueux les membres du jury du Goncourt? Les commémorations pour célébrer le centenaire de la Grande guerre n'ont pas encore commencé que le prix décerné ce lundi 4 novembre...
https://www.huffingtonpost.fr/2013/11/04/goncourt-2013-guerre-roman_n_4211810.html
Dans un tout autre style, Laurent Gaudé, né en 1972,(Prix Goncourt 2004) nous émeut dans Cris par son style dépouillé à l’extrême et par l’âge qu’avait le romancier lorsqu’il a écrit ce roman : 29 ans.
L’âge moyen des Poilus. Ecrire en 2001, à 29 ans, un roman « de l’intérieur » sur la Grande Guerre ...
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Laurent Gaudé, réflexion intime sur la guerre
Prix Goncourt en 2004, dramaturge, l'écrivain français Laurent Gaudé ne cesse dans ses œuvres d'interroger le monde et son chaos. A l'image de ce nouveau livre intitulé "Ecoutez nos défaites"...
Et pour rester sur le même auteur, venez assister le 7 avril au spectacle du prochain GUEULOIR du Petit Cîteaux
GUEULOIR #6 extraits de "De Sang et De Lumière" de Laurent GAUDE
Le samedi 7 avril 2018 à 19 heures
Au 18, rue Charlie Chaplin (Petit Citeaux) Dijon
Avec Christian SAUVAGE (piano) et Elisabeth BARBAZIN (voix)
"Je veux une poésie du monde qui voyage, prenne des trains, des avions, plonge dans des villes chaudes, des labyrinthes de ruelles. Une poésie moite et serrée comme la vie de l’immense majorité des hommes. Je veux une poésie qui connaisse le ventre de Palerme, Port -au-prince et Beyrouth, ces villes qui ont visages de chair, ces villes nerveuses, détruites, sublimes, une poésie qui porte les cicatrices du temps et dont le pouls est celui des foules…
L’écriture ne m’intéresse pas si elle n’est pas capable de mettre des mots sur cela. Qu’elle maudisse le monde ou le célèbre mais qu’elle se tienne tout contre lui. Nous avons besoin des mots du poète, parce que ce sont les seuls à être obscurs et clairs à la fois. Eux seuls posés sur ce que nous vivons, donnent couleurs à nos vies et nous sauvent, un temps, de l’insignifiance et du bruit." Laurent GAUDE
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